Inspirations

Matthieu Martigny

L’univers visuel des Jeux Olympiques se modernise

Les Jeux Olympiques sont l’un des événements sportifs les plus célèbres et les plus importants au monde. Depuis leur création en 1896, ils ont été l’occasion pour les athlètes du monde entier de se réunir et de se mesurer les uns aux autres, tout en célébrant l’esprit de fair-play et de respect mutuel.

Avec la modernisation des médias et de la communication, il est devenue de plus en plus important pour le Comité International Olympique (CIO) de mettre en place une identité visuelle cohérente et moderne pour les Jeux. C’est pourquoi le CIO a récemment confié à l’agence canadienne Hulse & Durrell la tâche de concevoir une nouvelle charte graphique pour les Jeux Olympiques, afin d’harmoniser leur visibilité dans tous les pays et sur tous les supports de communication. Cet article explorera comment la nouvelle charte graphique des Jeux Olympiques modernise l’univers visuel de l’événement, tout en respectant l’héritage et les valeurs de l’Olympisme.

Le logo des Jeux Olympiques : l’histoire d’un emblème mondialement reconnu

Le symbole des cinq anneaux des Jeux Olympiques est le fruit de la créativité de Pierre de Coubertin, un aristocrate passionné de sport et de pédagogie. En 1894, de Coubertin a créé le Comité International Olympique (CIO), qui a organisé les premiers Jeux Olympiques modernes en 1896 à Athènes, en hommage au pays d’origine des Jeux antiques. La langue officielle des Jeux Olympiques est et restera le français, associé à l’anglais, en raison de la création du CIO en France. Au début, les Jeux Olympiques n’avaient pas de logo.

Cependant, en tant que secrétaire général de l’Union des Sociétés Françaises de Sports Athlétiques, de Coubertin a été inspiré par le symbole de cette organisation, qui consistait en deux cercles bleus et rouges entrelacés et plats. Il a utilisé cette idée pour créer le célèbre logo des Jeux Olympiques que nous connaissons aujourd’hui en espacant les deux cercles et en ajoutant trois autres, disposés en deux rangées.

De Coubertin souhaitait promouvoir la pratique du sport parmi tous les hommes, quels que soient leur profession et leur pays d’origine, afin de garantir la paix entre les nations grâce à l’union sportive. Il a également soutenu l’introduction de l’éducation physique dans les écoles afin de diffuser les valeurs olympiques – le respect, l’excellence et l’amitié – dans la société. Cependant, de Coubertin s’est opposé à la participation des femmes à l’athlétisme de haut niveau tout au long de sa vie.

Cinq anneaux, cinq couleurs, un message d’unité

Le drapeau aux cinq anneaux de couleurs a été créé par Pierre de Coubertin en 1913 et présenté pour la première fois en 1914 à Alexandrie pour le 20ème anniversaire du CIO. Il a été hissé lors des Jeux d’Anvers en 1920, les premiers après la Première Guerre mondiale. Les cinq anneaux symbolisent la rencontre des athlètes des cinq continents liés par la compétition et la célébration. Ils représentent l’unité, l’universalité et l’union. Le cercle est une forme hautement symbolique, car il est l’une des plus anciennes formes connues, et il représente la complétude, l’union, la perfection et l’équilibre. Les anneaux sont imbriqués comme les maillons d’une chaîne ou les médailles. Les couleurs font référence aux couleurs utilisées dans les drapeaux des pays participants, afin que chaque pays puisse retrouver au moins une couleur de son drapeau.

Le symbole est utilisé tous les quatre ans par les pays organisateurs des Jeux Olympiques et connaît quelques petites variations, que le CIO normalise de temps en temps. En 1957, l’agencement des anneaux a été officiellement revu pour les espacer de manière symétrique, et en 1986, un petit espace est apparu entre eux, avant de disparaître en 2010. En 2020, le CIO a décidé de créer une identité officielle des Jeux Olympiques afin de garantir l’universalité de son image et une utilisation normalisée sur tous les supports de communication.

Les Jeux Olympiques adoptent une nouvelle identité visuelle

La nouvelle identité visuelle des Jeux Olympiques peut ne pas sembler très innovante au premier abord, mais qui a dit que la révolution avait besoin de couleurs fluorescentes et de formes excentriques? En réalité, cette identité vise à rendre l’utilisation de l’identité plus universelle, à la fois par les peuples et sur tous les canaux de communication. Selon Marie Sallois, directrice de la gestion de la marque CIO, « depuis 125 ans, les Jeux Olympiques véhiculent un message d’inclusion, d’universalité et d’espoir. Il était temps de rassembler ces valeurs intemporelles dans une identité visuelle complète pour la marque olympique, qui soit présente non seulement pendant les Jeux, mais aussi entre deux éditions.« 

L’agence Canadienne Hulse & Durrell a travaillé sur la création d’une identité universelle « inspirée de notre héritage« , s’inspirant de l’âge d’or du graphisme suisse et utilisant un système de grille « consistant et flexible« , des formes géométriques et des pictogrammes. L’identité comprend également des déclinaisons modernes telles que des illustrations et trois typographies complémentaires, qui peuvent être utilisées sur le site.

L’histoire du style suisse et ses influences sur le design

La grille de la nouvelle identité des Jeux Olympiques c’est un peu comme un terrain de sport : elle encadre les éléments et pose les limites de l’action, mais en même temps elle laisse de la place pour bouger.

Ce système de grille est inspiré de l’oeuvre de Josef Müller-Brockmann, un graphiste allemand qui a joué un rôle clé dans le développement du Style International Suisse. Ce mouvement, qui a connu son âge d’or dans les années 50, vise l’universalisme à travers la neutralité. L’idée est de se débarrasser des signes culturels et esthétiques pour être le plus universel possible, en suivant les écrits d’Adolf Loos. Le Style International Suisse utilise la géométrie, considérée comme universelle et rationnelle, en développant un système de grille modulaire pour délimiter et construire l’espace graphique (comme l’ont fait les peintres du mouvement De Stijl avant eux), ou en créant des caractères typographiques avec des linéales géométriques.

La typographie joue également un rôle important dans la composition globale, en tant qu’élément visuel associé au photomontage tout en éliminant le superflu et les ornementations. Selon Müller-Brockmann, « l’information atteindra un maximum d’expression si l’objet ou l’idée sont présentés de manière esthétique et efficiente, avec un minimum de formes d’accompagnement. (…) La forme graphique doit devenir, si possible, un véhicule anonyme du message à transmettre. » Appliquée à la charte des Jeux Olympiques, la grille permet de construire l’espace et de manier de manière simple et rationnelle les couleurs, le corps de texte, les titres et les illustrations.

En bref !

Le Comité International Olympique a récemment confié à l’agence canadienne Hulse & Durrell la mission de concevoir l’identité visuelle globale des Jeux Olympiques afin d’harmoniser sa présence dans tous les pays et sur tous les supports de communication. C’est la première fois que cette tâche est confiée depuis la création des Jeux Olympiques modernes en 1896. Le logo des Jeux Olympiques, composé de cinq anneaux de couleurs entrelacées, est l’une des marques les plus connues dans le monde et a été créé par Pierre de Coubertin en 1913. Le symbole a été inspiré par le logo de l’Union des Sociétés Françaises de Sports Athlétiques et vise à symboliser l’union et l’universalité des athlètes venant de tous les continents.

La grille de la nouvelle identité a été inspirée par le travail du graphiste allemand Josef Müller-Brockmann et du mouvement du Style International Suisse, qui cherche l’universalisme à travers la neutralité en utilisant la géométrie comme moyen de délimiter et de construire l’espace graphique. La typographie joue également un rôle important dans la composition globale en éliminant le superflu et les ornementations.

Malgré la réussite de cette méthode, il est possible de se demander si aujourd’hui il serait possible d’inventer une approche plus humaniste, inclusive et accueillante des différences plutôt que de les éliminer.

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